MARS BLEU : Parlons du dépistage du cancer colorectal.

Le côlon n’est pas un organe « facile ». Le taux de participation aux campagnes de dépistage est en deçà des objectifs nationaux.

Pourtant en 2017 un nouveau test a vu le jour. Ce test immunologique, rapide et efficace, s’adresse aux femmes et aux hommes âgés de 50 à 74 ans, invités tous les 2 ans à parler du dépistage du cancer colorectal avec leur médecin. 

A l’occasion de Mars Bleu les équipes de la Polyclinique du Cotentin rappellent  que le cancer colorectal touche chaque année plus de 43 000 personnes en France.  Il est responsable de près de 17 000 décès par an. Pourtant, s’il est détecté tôt, le cancer colorectal se guérit dans 9 cas sur 10. (Source INCA 2019)

A l’occasion d’une soirée d’actualité à destination des médecins généralistes, les praticiens et Iris Manche revenaient sur le dépistage, le diagnostic et la chirurgie du cancer colorectal .

Iris Manche : un dépistage organisé

Sur notre territoire, , IRIS Manche organise le dépistage généralisé des cancers du sein, colorectal et du col de l’utérus. Tous les deux ans, IRIS Manche invite par courrier les personnes de 50 à 74 ans à réaliser un test de dépistage du cancer colorectal à l’aide d’un kit disponible auprès des médecins traitants. Le taux de participation dans la Manche pour 2018-2019 est de 32%, celui de 2019-2020 devrait être publié d’ici quelques semaines par Santé Publique France. Il avoisinera selon les statistiques d’IRIS Manche les 31,7%.

Malgré une stabilité sur ces 2 dernières années, ce taux doit  encore progresser. L’INCA (Institut National du Cancer) ,  publie ce mois-ci les derniers chiffres  : le dépistage est réalisé par seulement 30.5% des femmes et hommes de 50 à 74 ans sans facteur de risque ni symptôme. Ces chiffres  restent très en deça des recommandations européennes qui préconisent un taux de dépistage de 45% .

Polyclinique du Cotentin : une expertise en termes de diagnostic et de chirurgie.

A la Polyclinique, les gastro-entérologues interviennent dans la phase de diagnostic, suite à un dépistage positif. Dans certains cas, une coloscopie s’impose en première intention pour les personnes présentant des symptômes  (douleurs abdominales, présence de sang dans les selles, etc.) mais aussi pour celles ayant des antécédents familiaux au premier, voire au second degré. La Société Française d’Endoscopie Digestive recommande alors une coloscopie, 10 ans avant la survenue du cancer colorectal chez un parent proche, d’où l’importance du rôle des médecins généralistes, en charge de l’interrogatoire, pour l’orientation des patients. Le test immunologique peut par ailleurs amener à des faux négatifs, alors qu’une coloscopie décèlera des polypes. En cas de doute ou de forte demande du patient, la coloscopie est recommandée. La coloscopie dure environ 20 minutes et se fait le plus souvent sous anesthésie générale ou sans anesthésie mais avec prémédication.

Dans tous les cas, la préparation est primordiale. Elle se fait de façon fractionnée avec une dernière prise de liquide de préparation quatre heures avant l’examen. Le taux de détection de polypes augmente si la préparation est bien faite. Les contre-indications à la coloscopie se basent sur l’aspect bénéfices/risques pour le patient : l’âge, l’état de santé, mais aussi sur des contres-indications anesthésiques. Une technique alternative à la coloscopie est la coloscopie virtuelle par scanner faite par un radiologue ou encore la capsule colique.

Ces dernières années, grâce aux évolutions des préparations, des recommandations, des équipements et des objectifs, des polypes sont détectés chez 35 à 40 % des patients. Au moins huit fois sur dix, des polypes, et plus rarement un cancer, sont détectés lors d’une coloscopie effectuée après un test positif. Le cancer du côlon se développe dans 80 % des cas à partir d’un polype, aussi, la coloscopie doit-elle être renouvelée tous les cinq ans pour les personnes à risque élevé, voire tous les trois ans pour celles chez qui plusieurs polypes ont été retirés lors d’une précédente coloscopie.
Drs Hugues Bertrand et Guillaume Oillic, gastro-entérologues.

Les différentes formes de chirurgie colorectale

La chirurgie de base pour le cancer du côlon est la colectomie, qui consiste en l’ablation de la tumeur du côlon et des relais ganglionnaires. Pour la chirurgie du rectum, les gestes d’exérèse diffèrent selon que la lésion se situe sur le haut, le moyen ou le bas rectum. Un traitement pré-opératoire par radiothérapie est souvent nécessaire. Pour le moyen et le bas rectum, nous développons des techniques mini-invasives : la résection trans-anale par TEM (Transanal-Endoscopic- Microsurgery) qui permet de retirer certaines tumeurs avec des indications bien ciblées, par voies naturelles, sans protectomie et sans avoir recours à la laparotomie.

On utilise une optique et des instruments de cœlioscopie introduits dans l’anus. Cette technique qui allie endoscopie et chirurgie permet de retirer des tumeurs classées T1, jusqu’à 3 cm de diamètre, situées jusqu’à 10-12 cm de l’anus, en procédant à une résection complète de la paroi du rectum. La Polyclinique du Cotentin dispose  d’une colonne de cœlioscopie avec une caméra 3D, qui facilite le geste du chirurgien, en particulier pour la chirurgie du rectum, en permettant un meilleur repère des zones anatomiques et une dissection plus précise.

La Polyclinique a mis en place des protocoles rigoureux de réhabilitation améliorée après chirurgie (RAAC), qui permettent un retour précoce du patient à son domicile. Actuellement, la durée moyenne d’hospitalisation pour la chirurgie du côlon est de quatre jours. Au retour à domicile, la prise en charge et la surveillance dépendent du stade de la tumeur et de l’indication à faire une chimiothérapie post-opératoire ou pas. Docteur Christian Vuagnat, Chirurgien viscéral

 

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